ITW Roberto Mezquita, Sélectionneur National

jeudi 16 décembre 2010

"Personne n’a de place octroyée d’office en Sélection"

Roberto Mezquita (36 ans) est depuis cette année le nouvel entraîneur de la Sélection française de floorball. Il succède à Michel Muller, qui lors du tournoi de qualification pour la Coupe du Monde, en février 2010, est passé tout prêt de l’exploit en échouant seulement en finale face à la Pologne.
Roberto aura l’ambition et la responsabilité de maintenir la Sélection à ce niveau de performance internationale, au moins, tout en amplifiant son rôle de vecteur de développement pour le floorball dans l’hexagone. Lors du prochain stage de février à Lyon, un cadre réduit et plus expérimenté de trente joueurs rentrera dans le vif de la préparation pour le prochain mondial. Le parcours de la sélection évoluera à partir d’avril 2011 vers un programme incluant des compétitions et des matchs amicaux pour tester les progrès de ce collectif.
Roberto Mezquita, alias “Mez” (voilà dévoilé son surnom officiel), a répondu aux questions de FranceFloorball.com


Roberto, ton entrée officielle sur la scène du floorball français remonte au mois de novembre à Lyon, où tu as conduit ton premier stage de préparation. Mais plus généralement, à quand remonte ton premier contact avec cette discipline ?
Le tout premier souvenir que j’ai d’un sport de crosse en salle, c’était à l’âge de huit ans, en école primaire. On ne peut pas appeler cela du floorball, mais je me rappelle très bien le plaisir, l’investissement et la réussite que j’ai eu lors du cours de gym. Ensuite, toujours bien avant de connaître le vrai floorball, je me souviens que je jouais souvent en bas de l’immeuble où j’ai grandit avec mon frère et d’autres jeunes du quartier. Nous utilisions des crosses de hockey sur glace et une balle de tennis sur une surface goudronnée. En même temps à l’école on pratiquait avec une certaine fréquence des formes de jeu semblables au floorball.

Comment es-tu passé ensuite au floorball en mode « associatif » ?
À l’époque je jouais encore au foot avec des résultats moyens. C’est en 1990, dans la presse locale, que j’ai appris l’existence d’un sport dénommé “unihockey” pratiqué par un club d’athlétisme de la région. Je me suis tout de suite inscrit et après le premier entraînement j’avais déjà décidé d’arrêter le foot. Les premières années, j’ai pris cela comme un jeu. C’est seulement à mon arrivée à l’université de Fribourg que j’ai pris conscience de l’ampleur de ce sport en Suisse.

Racontes-nous tes années fribourgeoises...
Ces années ont été les plus actives de ma vie de sportif, c’est là que j’y ai joué à mon plus haut niveau. Avec l’équipe universitaire de Fribourg on est devenu trois fois champions universitaires de Suisse ! Il faut dire que c’était une belle génération puisque par la suite trois joueurs sont devenus des cadres de l’équipe nationale suisse.

Fribourg a été une des plaques tournantes du développement du floorball en Suisse dans les années 90 ; tu y as certainement rencontré des personnages clés. Quelques noms en particulier te reviennent à l’esprit ?
Pendant mes études j’ai connu des personnes qui sont vite devenus des amis, comme Laurent Brechbühl, déjà joueur de l’équipe nationale suisse, et Philippe Renz, aujourd’hui arbitre international, qui vient de diriger la finale de la Coupe du Monde en Finlande. Avec eux j’ai partagé beaucoup de moments à discuter de notre passion. En 2003 nous nous sommes mêmes rendus à Marseille tous les trois pour donner un cours de floorball avec Guy Jaime !

Ton début à Lyon n’était donc pas une vraie première en France...
En effet mon premier contact avec le floorball français a eu lieu lors de ce stage en Provence avec Laurent et Philippe. Le matin nous donnions des cours de théorie destinés aux futurs moniteurs et l’après-midi des entraînements ludiques ouverts à un plus grand nombre de participants. Cela à été une expérience extraordinaire que malheureusement nous n’avons pas pu répéter à ce jour.

En revanche, ta relation avec le floorball français n’a pas toujours été de type collaboratif... il était un temps où nous nous affrontions...
En effet... à la fin de mes études en 1999, j’ai connu un grand vide. Je voyais mes limites et je pensais que c’était fini. Le hasard a voulu qu’en même temps le floorball débarque en Espagne, mon pays d’origine. Cela m’a permis de participer aux Championnats du Monde de 2002 à Helsinki. Cela a probablement été l’expérience sportive qui m’a le plus marqué. Deux années plus tard, en 2004, je faisait partie du cadre de la sélection espagnole qui affrontait la France lors de sa première participation lors des Championnats du Monde du groupe C à Léganes. À l’époque j’ai bien regretté la défaite de la Roja contre les Bleus à l’issue d’un match très serré...

Parlons maintenant de ta formation d’entraîneur. Comment es-tu arrivé à cette activité aussi passionnante ?
En 1996, j’ai suivi mon premier cours de « moniteur Jeunesse et Sport » en Suisse. Plus que par vocation, je l’ai fait pour pouvoir prendre en main les cours de floorball à l’université et gagner un peu d’argent pour me payer une partie des études. Dans ce même cours j’ai fait la connaissance d’André Welten, qui a su me transmettre l’envie d’enseigner et partager avec passion les connaissances dans cette discipline.

Ton parcours de formation d’entraîneur a été plutôt rapide...
Je suis « expert Jeunesse et Sport » depuis 1999, puis Swiss Unihockey m’a demandé en 2006 de suivre une formation spécifique de moniteur reconnue par Swiss Olympic (l’association qui chapeaute toutes les fédérations sportives en Suisse, NDLR). J’ai donc investi une année pour réussir ce diplôme et recevoir le brevet d’entraîneur de sport de performance.

As-tu eu l’occasion d’appliquer les connaissances acquises avec ces diplômes ?
Certainement ! En 2000 pour l’inauguration d’une nouvelle salle de sport à Macolin (centre de formation de l’office fédéral du sport en Suisse, NDLR), Swiss Unihockey a créé un tournoi pour jeunes U18. C’est à cette occasion qu’une sélection régionale de la Suisse italienne a été créée et j’ai été appelé à faire partie de son staff technique. Ensuite j’ai pris véritablement en main cette équipe jusqu’à sa suppression à la suite d’une réorganisation, dix ans plus tard. En participant au travail des équipes nationales, j’ai été en contact avec de grands personnages du floorball suisse, et cette expérience m’a certainement fait mûrir comme entraîneur.

Et au niveau international ?
Mise à part mon expérience aux deux championnats du Monde en tant que joueur, j’ai aussi fait partie du staff de l’équipe nationale d’Espagne, en 2007, lors des Championnats du Monde U19 en Suisse.

En dehors des sélections, quelles autres types d’équipes as-tu pu conduire ?
Comme entraîneur de club j’ai pu intervenir à toutes sortes de niveaux : filles, juniors, adultes. Tous âges et toutes catégories de compétition confondues. Les attentes et les objectifs changent, mais à chaque fois le défi se renouvelle, c’est cela qui m’a toujours motivé !

Mais nous avons appris aussi que ton engagement ne s’arrête pas aux rôles de joueur et d’entraîneur...
C’est vrai. Je me suis investi dans le passé au sein du comité de l’UHC Genève et je suis actuellement président du Mouvement Juniors Cantonal Genevois de floorball, une association indépendante pour la promotion de ce sport chez les jeunes dans la région. C’est une charge honoraire que j’occupe depuis 2008.

Revenons maintenant de la sélection et à ses objectifs à court terme. Que peux tu nous dire du planning du prochain stage ?
Le premier objectif est de disposer de tous les joueurs convoqués au meilleur de leur forme, en février. Les championnats, auxquels les joueurs participent, rentrent tous dans la phase décisive. De plus, d’autres joueurs expérimentés vont intégrer le groupe, mais personne n’a de place octroyée d’office en sélection. Nous avons d’ailleurs vivement invité tous les joueurs à se perfectionner du point de vue physique et technique chez soi. Avec le staff, nous nous attendons donc aux meilleures conditions de travail possibles.

Avec une base aussi large, environs une soixantaine de « candidats » annoncés par les clubs, l’objectif était bien celui de faire surtout progresser le niveau des joueurs évoluant dans l’hexagone ?
Oui, il s’agit bien de la ligne directrice dictée par l’AG et que j’accepte totalement. Faire progresser le floorball en France est essentiel, afin que le développement de cette sélection soit soutenable. Il s’agit toutefois de trouver aussi les meilleures synergies entre des joueurs de haut-niveau évoluant à l’étranger et ceux évoluant en France.

Quel est en somme le rôle du sélectionneur dans ce contexte ?
J’interprète mon rôle de façon très claire. J’utilise le meilleur des joueurs que les clubs mettent à disposition du collectif de préparation. Mon rôle est celui de sélectionner ce qu’il y a de mieux, mettre en place un système de jeu simple et développer une stratégie de succès. C’est un grand avantage de pouvoir travailler avec un choix aussi large de joueurs.

Et sur quels critères se base le choix des joueurs ?
L’aspect technique a son importance évidemment, mais nous cherchons en plus des personnalités fortes physiquement et mentalement. Les sélectionnés devront savoir surmonter la charge de quatre ou cinq matchs d’affilé que l’on rencontre typiquement lors d’un tournoi de qualification à la coupe du monde. L’aspect social joue aussi un rôle très important ; la capacité d’intégration des individus est fondamentale à la réussite sportive du groupe.

Sur ces bases, à quoi doivent s’attendre les joueurs de la sélection ? Je pense que je n’ai jamais inventé de système de jeu révolutionnaire ni appliqué de tactique super élaborée. J’aime faire des choses simples, de manière précise et rigoureuse. Ces deux aspects, précision et rigueur, seront certainement les clés du succès de cette équipe, s’ils sont scrupuleusement appliqués.

En résumé, quel est ton atout majeur dont la sélection pourra bénéficier ?
Ma force et mon engagement, c’est de parvenir à connaître et à comprendre chaque joueur de l’équipe pour en tirer le meilleur de lui, à chaque moment.

Merci Roberto pour avoir répondu à toutes ces questions. Nous te souhaitons beaucoup de succès et de satisfactions avec la Sélection Nationale et de TRES BONNE FETES DE FIN D’ANNEE !


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